Rupture du tendon d'achille

Votre pathologie

L’incidence des ruptures du tendon d’Achille a tendance à augmenter avec l’accroissement des activités sportives, de loisir et particulièrement des sports de démarrage explosif. Dans 75% des cas, il s’agit de sujets masculins entre 30 et 40 ans. Le tendon d’Achille est préalablement considéré comme fin, on ne retrouve en effet que 10% des patients avec antécédent de tendinopathie chronique. Cette rupture survient en général entre 2 et 6 cm de l’attache sur le calcanéum (talon), zone où la fragilité tendineuse est maximale. Le patient décrit une sensation de claquement au mollet avec l’impression d’avoir reçu un coup par derrière. La douleur est fulgurante, importante mais cède rapidement. Le tableau peut prendre celui d’une « entorse de cheville » et mener à un diagnostic méconnu dans 20 à 30% des cas. A l’examen clinique, votre chirurgien recherchera une dépression tendineuse entre 2 et 6 cm du calcanéum, une perte d’équin physiologique en position ventrale ainsi qu’une manœuvre de Thompson positive.


Vos examens préopératoires

Aucun examen complémentaire n’est réellement indispensable. Dans les formes aiguës, l’échographie, lorsqu’elle est utilisée, pose souvent le diagnostic de rupture partielle induisant une certaine confusion. Ceci se comprend en raison de la persistance de contact entre les multiples fibres dilacérées du tendon calcanéen, celle-ci étant toutefois inefficace. C’est avant tout l’examen clinique de votre chirurgien qui permettra de poser le diagnostic.



Nos critères d'intervention

Le traitement est avant tout chirurgical. Celui-ci semble avoir fait la preuve de sa supériorité dans la majorité des cas avec un taux de rupture itérative avoisinant les 2%. Il s’agit toutefois d’une lésion grave pour laquelle la reprise d’activité sportive au niveau antérieur n’est pas garantie (62%).



Alternatives thérapeutiques

Le traitement conservateur des ruptures de tendon d’Achille n’est pour nous indiqué que dans les contre-indications à la chirurgie qu’elles soient d’ordre médical ou par refus du patient. Il comporte une immobilisation plâtrée en position d’équin dégressive pour une durée totale de 8 à 12 semaines. Le taux de récidive de rupture est alors de 15%.



Synthèse du bilan préopératoire

Vous présentez une rupture traumatique du tendon d’Achille objectivée par votre chirurgien et éventuellement corrélée aux données de l’échographie. Vous ne faites pas partie des patients dont la comorbidité contre-indique une intervention chirurgicale. Vous avez bien compris les tenants et les aboutissants de l’intervention chirurgicale proposée ainsi que ses risques. L’intervention peut être décidée et réalisée dans un délai court.



Technique chirurgicale

Dans la majorité des cas, l’intervention se réalise sous anesthésie locorégionale en ambulatoire. Vous serez installé sur le ventre et un garrot pneumatique sera placé au-dessus du genou. L’intervention prendra 30 à 40 minutes et consistera en un rapprochement des deux extrémités tendineuses par un laçage au fil résorbable moyennant un abord chirurgical de 5 à 6 cm. La cicatrice est verticale, légèrement décalée en dedans pour éviter les complications nerveuses. La fermeture cutanée sera obtenue soit par un fil résorbable soit par des points à enlever lors de votre première visite postopératoire. Une immobilisation plâtrée postérieure clôturera votre intervention et maintiendra le pied en léger équin.



Hospitalisation

La plupart des interventions osseuses s’effectuent en chirurgie ambulatoire avec un retour à domicile le jour même.



Protocole de rééducation

Vous avez subi une suture du tendon d’Achille et vous devez vous attendre à une rééducation lente et longue. A la sortie du plâtre, l’ensemble du tendon et du muscle suturés sera fixé en position raccourcie. Un gros travail d’étirement de ces chaînes postérieures sera nécessaire. Celui-ci sera réalisé dans un premier temps en décharge sous couvert de deux cannes béquilles puis dès l’obtention de l’angle droit en charge sous couvert d’une talonnette de 8 à 10 mm. Votre kiné vous proposera également un travail de mobilisation de la cicatrice dont les adhérences sont fréquentes et de réveil et de renforcement musculaire progressif. Il vous sera demandé de faire du vélo sans résistance pour enfin évoluer vers des exercices en charge et une reprise de la course à pied que l’on peut envisager au 5ème mois postopératoire. 60 séances de kiné vous seront prescrites pour cette pathologie (2 prescriptions de 30).



Autonomie postopératoire

L’utilisation de deux cannes béquilles ou d’un cadre de marche est de rigueur pour les 6 semaines qui suivent l’intervention. Les patients seront invités à respecter au maximum la position de drainage membres inférieurs surélevés et à bien suivre les consignes de traitement anticoagulant proposé. Les injections d’héparine de bas poids moléculaire devront être quotidiennes et les prises de sang contrôlées 2 fois par semaine pendant la durée du traitement. La conduite de véhicule n’est pas autorisée pendant 6 semaines.



Incapacité de travail

La moyenne d’arrêt de travail est longue et varie entre 4 et 6 mois en fonction du type d’activité réalisée.



Les éventuelles complications

La complication est la nécrose cutanée avec surinfection du tendon. Cette complication est redoutable et nécessite un traitement long et complexe en hospitalisation. Elle est favorisée par :

  • la consommation de tabac (x 10)
  • le diabète
  • le non-respect des consignes de drainage
  • l’utilisation de cortisone et d’immunosuppresseur

On retrouvera également les complications classiques de la chirurgie de la cheville avec

  • algodystrophie
  • le diabète
  • lésions nerveuses du saphène externe
  • phlébite

Cette liste n’est pas exhaustive.



Calendrier

Assurez-vous qu’un rendez-vous postopératoire vous a été donné à 15 jours de l’intervention. Durant cette consultation, la vérification de la cicatrice, l’ablation des fils et le changement du mode d’immobilisation vous seront proposés. Un plâtre en résine en position d’équin vous sera placé pour une durée de 4 à 5 semaines. Pour certains cas particuliers, un système amovible (achilloboots) vous sera proposé afin de débuter une rééducation précoce et prudente. Seul l’avis du chirurgien permet d’opter pour cette modalité. Un 2ème rendez-vous à 6 semaines permettra d’ôter le plâtre et d’envisager le début de la rééducation.

Responsable éditoriale et rédaction des textes et des vidéos de cette rubrique

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