Votre pathologie
Il n’existe malheureusement pas à l’heure actuelle de possibilité de remplacer ces articulations abimées par l’arthrose. Dès lors, lorsque la douleur n’est plus contrôlée par le traitement médical mis en place, l’arthrodèse (blocage) reste la solution de choix pour obtenir un pied fonctionnel et indolore. Aujourd’hui, il est préférable autant que faire se peut de limiter l’arthrodèse au niveau des interlignes directement concernés par les déformations ou par le processus dégénératif. La conservation au niveau des autres articulations du couple de torsion permet d’améliorer l’adaptabilité du pied au sol, l’effet d’amortissement et la propulsion. Cette arthrose est responsable de douleurs essentiellement mécaniques au démarrage, à l’effort, pouvant évoluer vers des douleurs nocturnes. S’y associe une déformation du pied par les ostéophytes et des modifications des axes rendant la marche plus complexe.
Le traitement médical comportera :
- l’adaptation des activités professionnelles et/ou sportives
- l’utilisation d’antiinflammatoires
- l’injection radioguidée de corticoïde dans les articulations concernées
- l’utilisation d’une orthèse plantaire permettant de limiter le travail articulaire
- l’utilisation de chaussures adaptées avec barre de déroulement type Stretchwalker.
- La confection d’une paire de chaussures orthopédiques sur mesure.
En cas d’échec, la chirurgie consistera en un blocage articulaire s’adressant à l’articulation ou aux articulations concernées. On privilégiera la conservation des articulations saines ou partiellement saines. On constate de façon légitime une crainte du patient à avoir son pied très enraidi après ce type d’intervention. Dans la majorité des cas, l’arthrodèse s’adresse à des articulations dont les amplitudes ont déjà fortement diminué avec au final un gain sur la douleur qui compense largement la perte d’amplitude supplémentaire.
Vos examens préopératoires
Les radiographies face - profil pieds en charge constituent une base à l’analyse de l’arthrose et des déformations. Il vous est dès lors conseillé d’anticiper la réalisation de ces clichés avant la première consultation. Ceux-ci permettront de déterminer les zones dégénératives ainsi que les modifications d’axe. Le scanner est toujours nécessaire en complément afin de confirmer le diagnostic, d’évaluer la qualité osseuse et de ne pas méconnaître une atteinte associée.
Nos critères d'intervention
Vous présentez une arthrose de la talonaviculaire et/ou du Lisfranc (médio-pied) et le traitement médical est devenu inefficace. Les radiographies confirment l’atteinte articulaire et l’examen clinique est cohérent. Dans ce cas, le chirurgien pourra discuter avec vous et vous proposer cette arthrodèse la plus sélective possible. Pour ce faire, l’utilisation systématique de greffons cortico-spongieux permet de rétablir la hauteur des différentes articulations après résection osseuse, ceci afin de limiter la répercussion sur les autres articulations voisines. Cette greffe est prélevée au départ du bassin par une cicatrice de quelques centimètres et n’occasionne pas de préjudice secondaire hormis esthétique. Il faudra tenir compte des facteurs de risque comme le diabète, la consommation de tabac, l’ostéoporose sévère, la prévisible difficulté de déplacement en décharge, les troubles vasculaires et neurologiques, l’utilisation de médicaments immunosuppresseurs. Cette chirurgie est pourvoyeuse de nombreuses complications et difficultés. L’indication doit être posée après mûre réflexion et épuisement des possibilités non chirurgicales.
Alternatives thérapeutiques
Le traitement médical doit toujours précéder une indication opératoire et peut constituer une solution définitive notamment par l’utilisation de chaussures orthopédiques sur mesure.
Techniques chirurgicales
Qu’il s’agisse d’une arthrodèse talonaviculaire ou une arthrodèse du Lisfranc, ces opérations sont complexes et doivent toujours comporter : Une voie d’abord choisie et soigneuse pour éviter de blesser les vaisseaux, les tendons et les nerfs. L’avivement des surfaces articulaires pour ôter le cartilage résiduel et obtenir un os propice à la cicatrisation. La mise en place des greffons afin de stimuler la consolidation et maintenir l’espacement articulaire nécessaire au maintien d’une mécanique idéale. Le positionnement dans l’espace est complexe particulièrement dans son contrôle tridimensionnel. En effet, le pied est en position de décharge. Les contrôles scopiques ainsi que l’expérience chirurgicale permettent d’optimaliser ce positionnement :
- la fixation est obtenue par des vis et des plaques en titane conçues pour être bien tolérées et la plupart du temps laissées en place.
- une immobilisation plâtrée est nécessaire afin d’obtenir la consolidation obtenue en moyenne entre le 2ème et le 3ème mois postopératoire. L’appui sera interdit pendant cette période.
Hospitalisation
La durée d’hospitalisation est en moyenne de 24 heures afin d’assurer une gestion optimale de la douleur par la mise en place d’un bloc poplité et de permettre le drainage de la zone de prélèvement des greffons au bassin. Comme toute chirurgie des extrémités, il vous sera demandé de garder au maximum le pied surélevé afin d’éviter la mise en tension des cicatrices et les complications locales.
Autonomie postopératoire
Il vous sera demandé d’utiliser des cannes béquilles ou un cadre de marche afin de faciliter vos déplacements sans appui sur le pied opéré. La conduite de véhicule est interdite pendant toute la durée du plâtre.
Protocole de rééducation
A l’issue de la période d’immobilisation, votre kiné sera invité à débuter la rééducation avec une mise en charge progressive sous couvert de deux cannes béquilles. Des paliers de 15 à 20 kg par semaine seront généralement respectés pour solliciter progressivement les zones opérées. Le drainage, la mobilisation des cicatrices, le réveil et la tonification musculaires feront partie du traitement avant la rééducation à la marche et la proprioception.
Incapacité de travail
Elle et de 3 à 4 mois en moyenne.
Complications éventuelles
La chirurgie d’arthrodèse du pied est pourvoyeuse de nombreuses complications et de difficultés. On notera :
- les problèmes de positionnement; la non consolidation, complication fréquente pouvant aller jusqu’à 30%. Elle peut être partielle sur une des articulations concernées.
- des lésions iatrogènes vasculaires, nerveuses et cutanées favorisées par un site opératoire encombré de ces structures.
- les infections majorées par le tabac et le diabète.
- une gêne liée au matériel nécessitant son ablation.
- les phlébites.
- les algodystrophies.
- les arthroses secondaires des articulations avoisinantes.
Cette liste n’est pas exhaustive. Il vous sera demandé de réaliser des injections d’héparine de bas poids moléculaire pendant toute la durée du plâtre et de contrôler les plaquettes 2 fois par semaine.
Calendrier
Assurez-vous qu’un rendez-vous vous a été proposé à 15 jours de l’intervention au dispensaire de l’hôpital. Durant cette consultation, les fils ou les agrafes seront ôtés, la cicatrice vérifiée et le plâtre changé. Un rendez-vous pour réaliser un scanner au travers du plâtre sera à organiser par vos soins avant la seconde consultation. Celui-ci est la seule façon d’évaluer la consolidation de la zone opérée et de déterminer si le plâtre peut être ôté et la rééducation débutée. C’est durant la 2ème visite que ce scanner sera analysé avec votre chirurgien. Il n’est pas rare que la consolidation ne soit pas complète et qu’un scanner de contrôle soit nécessaire 3 à 4 semaines plus tard. Un rendez-vous plus lointain vous sera proposé pour évaluer le résultat.