Votre pathologie
Par ce terme, on entend une tendinopathie de l’extrémité distale du tendon d’Achille survenant essentiellement à sa face antérieure par conflit avec l’angle postéro-supérieur du calcanéum. En effet, celui-ci peut avoir un aspect très vertical et générer un conflit sur la face antérieure du tendon dans les mouvements de flexion dorsale du pied. La répétition du geste dans la vie quotidienne mais surtout au sport peut amener à une bursite mais également à des lésions de la face antérieure du tendon d’Achille et à une inflammation osseuse comportant parfois des géodes inflammatoires. Il faut toutefois distinguer cette pathologie d’Haglund des enthésopathies du tendon d’Achille qui correspondent à une maladie de l’attache du tendon comportant souvent un relief osseux d’installation progressive. Ces deux pathologies peuvent toutefois être concomitantes et il est dès lors important de démembrer cette pathologie en s’aidant de la clinique et de l’imagerie par résonance magnétique nucléaire. Cliniquement, le patient se plaint d’une douleur de talon dans la partie basse du tendon d’Achille. Cette douleur est dépendante de l’activité mais peut être également influencée par le chaussage comportant un contrefort rigide.
On retrouvera, à l’examen clinique, une saillie plus ou moins importante au niveau de l’attache du tendon d’Achille avec un empâtement en avant du tendon correspondant à la bursite. C’est la palpation de cette zone en avant du tendon qui réveille la douleur et doit faire évoquer cette maladie d’Haglund.
Vos examens préopératoires
Il est nécessaire de réaliser une radiographie de face et de profil du pied en charge. Cette dernière permettra d’évaluer le caractère creux du pied postérieur ainsi que l’angle de Chauveaux évaluant la verticalité du bord postérieur du calcanéum. L’échographie permettra de mettre en évidence une inflammation osseuse. L’évaluation de la qualité du tendon sur son attache mais également en regard de la zone de conflit permet d’établir le pronostic et la vitesse de récupération après traitement chirurgical.
Nos critères d'intervention
L’échec du traitement médical bien conduit pendant 6 mois peut conduire à une indication opératoire. On évaluera les répercussions fonctionnelles au cours de la vie quotidienne mais également au sport. L’examen clinique et l’imagerie auront précisé le stade évolutif. Les résultats de cette chirurgie endoscopique sont meilleurs si le stade est précoce et que les lésions tendineuses restent légères à modérées. On pourra, avec le patient, prédire l’importance et la durée de la rééducation postopératoire nécessaire pour amener à la cicatrisation tendineuse une fois que l’éperon osseux aura été réséqué.
Alternatives thérapeutiques
Le traitement médical de cette maladie d’Haglund doit comporter une talonnette simple ou incorporée dans une paire de semelles orthopédiques qui auront pour effet de surélever le talon et d’écarter le relief osseux de la face antérieure du tendon d’Achille. On y associera un repos sportif, de la cryothérapie, de la mésothérapie et éventuellement une infiltration extra-tendineuse dans la zone pré-achilléenne. Des ondes de choc n’ont pas fait la preuve de leur efficacité sur cette pathologie de même que les injections de PRP. Quant à la rééducation, elle doit comporter des étirements des chaînes postérieures mais des exercices excentriques sont souvent difficiles à réaliser étant donné que la position de réalisation aggrave le conflit.
Synthèse du bilan préopératoire
Vous présentez une douleur de la partie basse du tendon d’Achille entrant dans le cadre d’une maladie d’Haglund. Le traitement médical est un échec, les radiographies confirment la présence d’un angle osseux agressif et la résonance montre bien la présence d’une bursite et d’une irritation de la face antérieure du tendon d’Achille. Le caractère invalidant est suffisant et justifie une indication opératoire sous endoscopie.
Technique chirurgicale
Il s’agit d’une intervention réalisée sous endoscopie (à l’aide d’une caméra). Vous serez installé en position couchée sur le dos pour un Haglund simple ou sur le ventre si un geste complémentaire est à proposer sur l’attache du tendon. L’anesthésie est une rachianesthésie, un garrot sera placé afin de pouvoir réaliser cette endoscopie sans saignement. Il s’agira d’une chirurgie ambulatoire sans immobilisation en fin d’intervention sauf cas particulier. Deux courtes cicatrices seront réalisées de part et d’autre du tendon d’Achille afin d’introduire la caméra et les instruments de résection. Le but sera d’ôter la bourse inflammatoire, de réséquer l’éperon osseux sous contrôle de la vue et de débrider la face antérieure du tendon d’Achille si nécessaire. La suture de la peau sera obtenue par deux points de fil résorbable à faire ôter auprès du médecin traitant à 15 jours de l’intervention. Un pansement légèrement compressif sera mis en place et sera maintenu pendant 4 à 5 jours puis remplacé par des pansements simples recouvrant juste la zone de cicatrice. Si un geste complémentaire est à réaliser au niveau de l’attache du tendon d’Achille, un abord direct chirurgical sera proposé permettant de réséquer l’éperon osseux et de rattacher le tendon d’Achille sur la zone de cicatrisation. Dans ce cas, un plâtre sera placé en fin d’intervention pour protéger la cicatrisation.